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Le point sur le trouble du spectre de l’autisme (TSA)Le point sur le trouble du spectre de l’autisme (TSA)
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Le point sur le trouble du spectre de l’autisme (TSA)

Primaire

Introduction

Au Québec, en 5 ans, soit entre 2005 et 2011, le nombre d’élèves présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA) scolarisés dans le secteur public a considérablement augmenté selon l’Institut national de santé publique du Québec, (2017). Il s’agit maintenant de la catégorie d’élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage la plus représentée au Québec.

 

Il importe donc que tous les intervenants du milieu scolaire et de la santé soient outillés pour comprendre les forces et les défis propres à ces personnes. De même, tous leurs proches et les personnes significatives qui les entourent ont avantage à bien connaître le fonctionnement neurologique particulier et les impacts de ce dernier sur leur développement des compétences scolaires, sociales ou professionnelles.

 

Cela permettra de mettre en place des aménagements et des stratégies efficaces et pertinentes en fonction du profil unique de chacune de ces personnes, et ce, afin d’optimiser leurs chances d’actualiser leur potentiel. Bien que les personnes ayant ce diagnostic forment un groupe très hétérogène, cette fiche a pour but de définir le trouble du spectre de l’autisme et de mettre en lumière les principales caractéristiques communes observées au sein de cette population.

Définition et manifestations observables du trouble du spectre de l’autisme

Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) se définit essentiellement par des déficits de la communication sociale réciproque et de l’interaction sociale de même que par des (patrons de comportements), d’activités et d’intérêts restreints et répétitifs. Les manifestations observées varient grandement selon la sévérité des atteintes, le niveau de développement de la personne et son âge chronologique (American Psychiatric Association, 2013). L’utilisation du terme spectre de l’autisme vise d’ailleurs à illustrer la diversité des profils observés chez les personnes ayant un TSA.

 

Pour évaluer et pour poser un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme (TSA), les professionnels de la santé en Amérique du Nord utilisent la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) (American Psychiatric Association, 2013). Dans ce manuel, les critères décrivant le TSA sont :

  • des déficits persistants dans la communication et l’interaction sociale dans plusieurs contextes (section A);
  • des comportements, des activités ou des intérêts restreints ou répétitifs (section B).

Section A – Des déficits persistants dans la communication et l’interaction sociale dans plusieurs contextes :

Dans le DSM-5, on souligne que l’apparition de symptômes a lieu durant la période de développement (petite enfance), mais qu’il arrive que les symptômes ne se manifestent pleinement qu’au moment où les exigences de l’environnement social dépassent les capacités limitées de l’enfant à y répondre adéquatement. Par exemple, des parents peuvent avoir remarqué des différences dans le développement de leur enfant ou dans ses comportements dès son jeune âge. D’autres font ces observations lors de l’entrée à l’école alors que l’enfant présente des difficultés à comprendre les règles sociales d’un plus grand groupe.

 

Le TSA étant un trouble neurodéveloppemental, il est présent dès la naissance, mais peut se manifester plus tard. Ainsi, le diagnostic peut être posé à tous les âges (même chez des adultes).

Section B – Des comportements, des activités ou des intérêts restreints ou répétitifs :

B.1 - Mouvements stéréotypés, gestes moteurs répétitifs, utilisation d’objets atypique

Typologie

Le diagnostic du trouble du spectre de l’autisme se présente sous différents profils comme le schéma suivant l’illustre. Dans le DSM-5, deux spécificateurs viennent préciser le diagnostic, soit la présence d’un trouble du langage ou d’une déficience intellectuelle.

 

Schéma trouble du spectre de l'autisme

En plus des spécificateurs, le DSM-5 décrit également 3 niveaux de soutien : le niveau 3, un soutien très important; le niveau 2, un soutien important et le niveau 1, pour un individu qui nécessite un soutien léger.

Niveau de soutien autisme

Dans le DSM-5, il est spécifié qu’il ne suffit pas d’avoir des caractéristiques qui répondent aux critères pour que le diagnostic de TSA soit posé. Des déficits cliniquement observables doivent être présents et avoir un impact dans les domaines sociaux, professionnels ou dans les autres sphères importantes d’activités. Ainsi, une personne dont le profil correspond aux critères du TSA, mais qui fonctionne dans tous ses milieux de vie sans avoir besoin de soutien ne devrait pas recevoir le diagnostic.

Le fait de bien comprendre le fonctionnement neurologique atypique et ses effets sur les comportements nous aide à intervenir sur la cause sous-jacente du problème.
Par exemple, un enfant ayant un TSA qui crie et lance des objets parce qu’on lui demande d’arrêter une activité qu’il aime a peut-être du mal à concevoir qu’il pourra refaire cette activité plus tard. Le fait d’illustrer le déroulement de sa journée en lui indiquant concrètement quand il pourra refaire l’activité et ce qui va se passer entre-temps pourra le rassurer et lui permettre d’être disponible pour s’engager pour le reste de sa journée.

 

Le fonctionnement neurologique et le traitement de l’information sont différents, mais pas nécessairement moindres. Du fait même de ces différences, les personnes ayant un TSA présentent souvent un profil incluant des forces et des aptitudes qu’il est important d’explorer et de développer.

 

Talent autisme

 

Troubles associés et concomitances

Voici des exemples de troubles fréquemment associés au TSA.

  • Des troubles de santé mentale tels que l’anxiété et la dépression.
  • Un trouble de l’acquisition de la coordination (TAC).
  • Un trouble du développement des sons de la parole (dyspraxie verbale, etc.).
  • D’autres troubles d’origine neurologique tels que le TDAH, le syndrome de Gilles de la Tourette, etc.
  • Des problèmes de sommeil (endormissement difficile, réveils nocturnes, etc.).
  • Des problèmes liés à l’alimentation : sélectivité alimentaire, déglutition, etc..
 

Qui peut évaluer le trouble du spectre de l’autisme?

Au Québec, les diagnostics de TSA sont émis par des médecins généralistes et spécialistes (pédiatres, et psychiatres), de même que les psychologues et neuropsychologues ou par des équipes multidisciplinaires dans les cliniques de développement.

 

Qui peut se charger de la rééducation?

Du fait que le TSA est un trouble neurodéveloppemental touchant plusieurs sphères de développement, divers professionnels ou intervenants peuvent être impliqués dans l’intervention selon le profil de la personne et les situations de handicap vécues par elle ou ses proches. Le schéma suivant illustre un exemple des intervenants impliqués auprès d’une personne ayant un TSA ainsi que leurs champs d’action respectifs.

 

Schéma - Intervenants pour la rééducation du trouble du spectre de l'autisme

image

Ce que les parents peuvent faire

Exemples d'actions que les parents peuvent mener

  • S’informer pour comprendre le fonctionnement particulier de son enfant pour mettre en place des aménagements et des stratégies qui faciliteront la vie de tous à la maison.
  • Interpréter les comportements en trouvant le besoin sous-jacent (ex. : besoin de sécurité, de comprendre, de limiter les stimuli aversifs, etc.).
  • Encourager les forces et les intérêts de l’enfant et les utiliser pour créer des contextes d’apprentissage motivants.
  • Informer et sensibiliser la fratrie, la famille élargie et l’entourage.
  • Garder en tête que l’enfant est un être unique avec sa personnalité, ses goûts, ses préférences.
  • Être membre à part entière de l’équipe d’évaluation et d’intervention en partageant ses observations, ses stratégies, son avis et ses préférences avec les intervenants afin que les recommandations émises soient pertinentes et réalistes.
  • Tenter de garder un équilibre entre la création d’un environnement prévisible pour sécuriser l’enfant et des encouragements à tenter de nouvelles expériences à son rythme en lui faisant vivre des succès.
  • Démontrer et illustrer les concepts plus abstraits ou les règles sociales à l’aide d’images, de dessins, de cartes, de schémas, etc.

Développement de l’individu TSA

L’évolution des individus présentant un trouble du spectre de l’autisme est fortement liée à la présence ou à l’absence d’une déficience intellectuelle ou d’un trouble du langage. Chez le jeune enfant, les difficultés de communication et d’interaction sociale peuvent compromettre certains apprentissages surtout lorsque ces derniers se font en contexte d’interaction sociale ou dans des contextes de socialisation avec les pairs. Dans la vie quotidienne, les difficultés à vivre les changements et les difficultés sensorielles peuvent venir interférer avec les habitudes de vie comme le sommeil et l’alimentation. Pour toutes ces raisons, il arrive souvent que les capacités adaptatives telles que l’organisation, la planification et l’adaptation aux changements soient en deçà de ce qui est attendu en fonction de leur potentiel intellectuel, ce qui affecte négativement leur autonomie et leur participation sociale. La mise en place de mesures de soutien spécifiques peut alors contribuer à l’actualisation de leur plein potentiel.

Les formations de l’Institut TA

Pour aller plus loin

À lire
  • L’autisme : Une autre intelligence, Diagnostic, cognition et support des personnes autistes sans déficience intellectuelle de Laurent Mottron (2004) Sprimont Belgique, Mardaga.
  • Treatment of Autism Spectrum Disorders : Evidence-based intervention strategies for communication and social interactions de Fey, M.E., Kamhy, A.G. (2012) Brookes Publising. Boltimore : MA. Gray, Carol 1992, Livre de scénarios sociaux – Future horizons.
  • Understanding the nature of autism: a guide to the autism spectrum disorders 2nd edition de Janice E. Janzen (2013) Hartcourt Assessment. Texas.
  • The Hidden Curriculum: Practical Solutions for Understanding Unstated Rules in Social Situations de Brenda Smith Smyles (2004)
Références scientifiques
  • American Psychiatric Association. Diagnostic and statistical manual of mental disorders DSM-5 (5e éd.). Washington, DC. (2013)
  • Daniels, JL. Autism and the environment. Environ Health Perspect. (2006) 114:A396
  • Treatment of Autism Spectrum Disorders : Evidence-based intervention strategies for communication and social interactions de Patricia A. Pralock (2012) Brookes Publising. Baltimore : MA. Gray, Carol 1992, Livre de scénarios sociaux – Future horizons
  • Textbook of Autism Spectrum Disorders, 1st edition d’Eric Hollander (2011) American Psychiatric Publishing, Inc., Arlington, VA
  • Understanding the nature of autism: a guide to the autism spectrum disorders 2nd edition de Janice E. Janzen (2003) Hartcourt Assessment. Texas
  • Educating children with autism (2001). National research council
  • L’autisme : Une autre intelligence, Diagnostic, cognition et support des personnes autistes sans déficience intellectuelle de Laurent Mottron (2004) Sprimont Belgique, Mardaga. National Standards report (2009), The National Autism Center.
  • Rapport de surveillance concernant le trouble du spectre de l’autisme (TSA) au Québec (2017) Institut National de Santé publique du Québec
  • What is known about autism: genes, brain and behavior de Santangelo, SL, et Tsatsanis,K.(2005) Am J Pharmacogenomics 5:71-92
ARTICLE RÉDIGÉ PAR JULIE MCINTYRE
Professeure de formation pratique à l’Université de Montréal
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