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Les émotions se vivent-elles avec le cœur ou le cerveau?

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Introduction

Bien que les émotions soient souvent illustrées en lien avec le cœur, elles se vivent avec tout l’organisme et particulièrement avec le cerveau. Il est donc important que le parent accompagne son enfant dans l'apprentissage de la gestion émotionnelle le temps que son lobe préfrontal se développe et qu’il soit capable d’autocontrôle.

La peur et le développement cérébral

La peur chez les enfants

La peur fait partie des six émotions de base. Il s’agit d’une émotion saine découlant de l’effet d’alarme engendré par un danger imminent. La menace est concrète et spécifique; par exemple, l’enfant se retrouve nez à nez avec un chien sans laisse au parc, il a peur. Pourtant, vous avez pu remarquer en tant que parents que parfois, votre enfant vit une peur qui semble démesurée et irrationnelle (par exemple il a peur des monstres cachés sous son lit). 

En fait, c’est tout à fait normal puisque ces peurs sont inhérentes aux étapes de développement du cerveau et plus spécifiquement d’une région qui s’appelle l’amygdale. Cette région est mature pratiquement dès la naissance, elle exerce alors un pouvoir prédominant qui fait en sorte que les enfants sont plus sensibles aux peurs et aux dangers. Ainsi, lorsque l’amygdale est réactive, elle envoie comme signal au cerveau de l’enfant qu’il y a des menaces, parfois même lorsqu’il n’y en a pas. C’est le lobe préfrontal qui va permettre de freiner nos peurs incontrôlées, car il est responsable du contrôle rationnel des émotions. 


Cependant, le lobe préfrontal se développe relativement tard et il ne parvient à maturité qu’à l’âge adulte. Ainsi, l’enfant va avoir peur des monstres, même si c’est irrationnel et qu’on lui dit que cela n’existe pas. Le parent doit alors jouer le rôle du lobe préfrontal de leur enfant en validant et rationalisant leurs émotions, plutôt que favoriser l’évitement de ce qui cause la peur. Au fur et à mesure que le développement cérébral de l’enfant évolue, ses peurs deviendront de plus en plus rationnelles sans que les parents interviennent aussi fréquemment. Vous pouvez vous référer au tableau des peurs pour avoir des exemples de peurs et anxiété dites normales chez l’enfant, en fonction de son âge.

La colère et le lobe préfrontal

La colère fait également partie des six émotions de base. Il s’agit d’une émotion humaine normale lors de laquelle l’enfant peut ressentir de l’agacement, de la frustration, de l’irritation ou même de la fureur. Le corps produit beaucoup d'hormones sous l’effet de la colère, ce qui peut pousser l’enfant à une réaction violente, à déclencher une crise. Lorsque l’enfant grandit, son cerveau construit des connexions entre l’amygdale et le cortex préfrontal qui vont lui permettre de mieux gérer sa colère. En attendant, le parent doit servir de “lobe préfrontal” à son enfant. 

Autrement dit, lorsqu’un enfant est triste, on ne l’empêche pas de pleurer, lorsqu’un enfant est joyeux, on ne l’empêche pas de rire, lorsqu’un enfant a peur, on ne le confronte pas à ses craintes, alors pourquoi lorsqu’un enfant est en colère lui demande-t-on de se calmer immédiatement ? 

Probablement parce que cette émotion dérange. Il est important que le parent reconsidère la colère et la perçoive comme une émotion semblable aux autres émotions de base afin de permettre à l’enfant de la vivre. En effet, la colère est physique, alors il faut l'extérioriser pour la sortir de soi. Le fait de laisser un petit temps à l’enfant pour exprimer sa colère permettra au cerveau d’estomper l’effet des hormones et par le fait même, à l’enfant de reprendre ses esprits. Cet après-colère sera alors le moment idéal pour raisonner avec votre enfant sur la situation passée plutôt que d’amorcer le dialogue pendant  qu’il est en train de vivre sa colère.

Le stress et les hormones

Le stress chez l'enfant

Le stress n’est pas une émotion, mais une réaction normale de l’organisme devant un danger, une menace ou un défi. Il est toutefois important de s’y intéresser puisque grand nombre d’enfants vivent du stress et cela peut être inquiétant pour le parent. Les situations perçues par les enfants comme stressantes ont au moins une des caractéristiques suivantes, résumées sous l’acronyme CINÉ  :

  • Contrôle faible : l’enfant sent qu’il n’a aucun ou très peu de contrôle sur la situation.

  • Imprévisibilité : Quelque chose de complètement inattendu se produit ou encore, l’enfant ne peut savoir à l’avance ce qui va se produire.

  • Nouveauté : quelque chose de nouveau que l’enfant n’a jamais expérimenté se produit.

  • Égo menacé : les compétences et l’égo de votre enfant sont mis à l’épreuve. On doute de ses capacités.

Lorsqu’on est stressé, le corps produit des concentrations massives d’hormones de stress (le cortisol) qui vont fournir beaucoup d’énergie à l’organisme pour répondre à l’agent stresseur. Le lien entre stress et énergie est important à connaître puisqu’il permettra au parent de proposer des interventions qui vont cibler la dépense d’énergie afin de réduire la sensation de stress. Comme le dit Sonia Lupien,  “le parent est le paravent du stress de l’enfant jusqu’à l’âge de 8 ans environ”. Faire du sport de manière régulière ou faire une marche sont de bonnes façons de contribuer à faire cesser la réponse physiologique au stress avant qu’elle ne s’installe durablement et qu’elle nous envahisse  d'un sentiment d’anxiété. 

Toutefois, le stress est souvent utile et il ne faut pas à tout prix vouloir le faire disparaître. Prenons l’exemple d’un enfant en situation d’évaluation. Il y a de fortes chances/probabilités que l’examen génère du stress chez l'enfant. Son corps va donc produire l’énergie nécessaire au maintien de l’attention durant l'épreuve.C’est lorsque le stress est disproportionné (trop fréquent, trop intense, trop prolongé) qu’il faut penser à dépenser le surplus d’énergie. En tant que parents, vous pouvez faire l’exercice d’identifier la source du stress de votre enfant en utilisant la grille CINÉ et ainsi chercher des solutions afin de diminuer l’importance des facteurs de stress présents.

Les peurs chez les enfants

Autrice
Marjolaine Masson
Neuropsychologue

Un peu plus sur l'autrice

Marjolaine est détentrice d'un doctorat en neuropsychologie depuis 2011. Elle est passionnée par les neurosciences et plus particulièrement par la neuroéducation. Ainsi, son objectif professionnel est de rendre accessibles les données de la littérature scientifique afin d'aider les jeunes à utiliser de bonnes stratégies d'apprentissage.

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